L'opéra est depuis toujours vecteur de grandes émotions. La musicalité et la beauté de ses airs séduit même les plus néophytes en la matière. Il en existe toute une variété, et correspondant à toutes les tessitures possibles. Que vous souhaitiez chanter votre amour, exprimer votre colère ou confier votre peine, entonner un air d'opéra pourrait bien devenir votre catharsis personnelle.
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Faut-il une voix particulière pour chanter de l'opéra ?
Coffre, puissance, volume, hauteur, la voix d'un chanteur ou d'une chanteuse d'opéra remplit souvent un certain nombre de critères définis par les contraintes musicales et par l'interprétation requise. En fonction du type de voix de l’interprète, le personnage joué paraîtra plus ou moins agréable, méchant, drôle ou naïf. Si vous souhaitez chanter des airs célèbres avec conviction, choisissez ceux qui paraissent correspondre à votre tempérament et à votre façon de chanter. Voici quelques exemples des caractéristiques de voix souhaitées en fonction des personnages :
- Le héros : ténor
- L’héroïne : soprano lyrique
- La jeune femme, la soubrette : soprano léger
- Le jeune homme, le travesti, la servante : mezzo-soprano
- La séductrice, la méchante : mezzo-soprano dramatique
- La sorcière, la femme âgée : contre-alto ou alto
- Le père, le mari, l'amant : baryton
- Le roi, le sage, le méchant : basse
Ces indications varient en fonction du compositeur, de l'époque, des capacités personnelles du chanteur. Vous pouvez donc tout à fait reprendre un air d'opéra pour baryton en étant soprano si le cœur vous en dit, en ajustant la tonalité.
Les airs d'opéras célèbres les plus connus
Vous les avez sans doute entendus dans une publicité, à la radio ou lors d'un concert. Ces airs très célèbres extraits des opéras les plus joués au monde font vibrer, tant par leur prouesse technique que par la vive émotion portée par le texte. Même si vous ne comprenez par l'italien ou l'allemand, vous serez certainement saisi par l'intensité des interprétations.
"L'amour est un oiseau rebelle" dans Carmen, de Bizet
Consacré et reconnu par le milieu populaire, l'opéra de Carmen reste l'un des plus chantés et des plus appréciés. Stromae lui-même s'en inspire largement dans sa chanson éponyme. L'histoire de cette femme extravagante, séduisante, au caractère trempé, qui préfère mourir libre plutôt que de vivre sous le joug de l'amour, a transcendé des générations. Dans cet air mélodieux, l'héroïne exprime sa vision particulière de la séduction et de l'amour, qui fuit celui qui le cherche mais trouve celui qui ne l'attend pas.
"L'air de la reine de la nuit" dans La Flûte Enchantée, de Mozart
Attention, voici un morceau qui n'est pas accessible à tout le monde, et pour cause. "L'air de la reine de la nuit" représente une véritable prouesse de soprano dramatique, à la fois de par ses notes hauts perchées atteignant le contre-fa, et de par ses trilles énergiques. Il en faut au moins autant pour arriver à la hauteur de la colère de cette méchante reine, qui demande à sa propre fille de tuer son adversaire, le sorcier, sans quoi la jeune fille sera répudiée.
"Sempre libera" dans La Traviata, de Verdi
Cet opéra connut un succès quasi immédiat, après une première représentation quelque peu incomprise. Passion de l'amour interdit, sacrifice et destin tragique s'entremêlent dans cette composition émouvante qui laisse la part belle à l'héroïne, une courtisane mortellement atteinte de tuberculose. Dans cet air d'une rare difficulté technique, Violetta dévoile ses émotions face aux convenances qui l'estiment "perdue", le sens même du mot "traviata".
"Non più andrai" dans Les Noces de Figaro, de Mozart
Le personnage de Figaro imaginé par Beaumarchais prend vie et couleur sous les notes du plus célèbre compositeur de tous les temps. Dans cet air, le valet Figaro fait une description pittoresque des amusements auxquels n'aura plus le droit le jeune Chérubin, amoureux invétéré de toutes les femmes, dès lors qu'il entrera dans l'armée. Malgré l'apparente facilité de la mélodie, c'est un morceau qui requiert toute la puissance d'une voix bien placée.
"Largo al factotum" dans Le Barbier de Séville, de Rossini
À nouveau sur un texte de Beaumarchais, mis cette fois en musique par l'italien Rossini, cet opéra-bouffe constitue les prémices du mariage de Figaro. On y retrouve donc dans cet air le barbier Figaro qui se présente avec panache et humour, interrompant la sérénade du comte envers la jeune Rosina. La rapidité des croches et du débit rendent ce morceau pour baryton aussi plaisant que technique.
"Un bel di vedremo" dans Madame Butterfly, de Puccini
Madame Butterfly est une histoire d'amour délicate entre une jeune geisha et un officier américain peu regardant sur la teneur de ses sentiments, qui l'épouse par fantaisie et retourne ensuite se marier en Amérique. La pauvre japonaise finit par se suicider, lui confiant le fils de leur union. Dans l'air de "Un bel di verdemo", la demoiselle essaie de se convaincre que son amant reviendra, éblouie par sa passion et sa foi.
"Una furtiva lacrima" dans L'Elisir d'amore, de Donizetti
Adina, riche fermière, est courtisée par Nemorino, simple paysan, qu'elle rejette inlassablement. Lorsque ce dernier devient un parti idéal à la suite d'un héritage, toutes les paysannes de la région veulent l'épouser. Adina comprend alors la réalité de ses sentiments et tente de faire comprendre à Nemorino la teneur de son amour. C'est dans cet air que le paysan devenu riche reconnaît une larme dans les yeux d'Adina à l'aube de son départ pour la guerre, preuve irréfutable pour lui qu'elle l'aime. Les deux amants pourront alors enfin être réunis.
"Nessun Dorma" dans Turandot, de Puccini
Le héros de cet opéra inachevé par son compositeur (décédé avant d'avoir fini d'écrire la dernière scène) tombe amoureux de la princesse Turandot, cruelle mais superbe, qui tue tous les prétendants incapables de résoudre ses énigmes. Après avoir réussi les épreuves, le jeune homme laisse la possibilité à la princesse de se dédire de leur engagement. Il confie dans cette scène son appréhension à la nuit, craignant de perdre l'amour de sa vie, mais ne pouvant lui imposer ses sentiments.
"Air du Toréador" dans Carmen, de Bizet
Un autre air inoubliable de cet opéra chargé de pépites est chanté par le toréador Escamillo, second amant de Carmen après Don José. Le chœur qui l'accompagne clôture également la dernière scène, durant laquelle Don José poignarde son amante plutôt que de la laisser partir. Ici, Escamillo fait une entrée haute en couleur saluée par la foule, avant de pénétrer dans l'arène.
"Air des clochettes" dans Lakmé, de Delibes
Cet air, très difficile de par la présence de notes extrêmement aiguës allant jusqu'au contre-mi, fait partie d'un opéra français moins connu du grand public. La jeune hindoue Lakmé tombe follement amoureuse de l'officier britannique Gerald. Le père de Lakmé, ayant découvert sa passion pour un étranger, lui demande de chanter en public cet air afin que l'officier se trahisse en reconnaissant la voix de la jeune fille.